Septembre 1914, le second mois de la guerre, est le mois le plus meurtrier pour les soldats originaires du canton de Vouillé, comme pour tous les cantons de France.
58 soldats ayant un lien direct avec le canton sont en effet morts en Septembre 1914. Vous pouvez télécharger ici le recensement que j’en ai fait, sous la forme d’un fichier sous format Excel – fichier mis à jour le 8 octobre 2014.
Ainsi que je l’avais fait pour août 1914, je vous propose dans un premier temps d’analyser ce dépouillement pour comprendre dans les grandes lignes qui sont ces 58 hommes. Dans un second article, je mettrai en perspective les dates et lieux de décès de ces soldats avec les opérations militaires du mois de septembre 1914.
Le tableau ci-dessous présente le nombre de soldats morts par année de naissance / classe.
Contrairement au mois d’août 1914, pendant lequel les victimes dans le canton de Vouillé appartenaient en majorité aux classes 1911-1912-1913, sous les drapeaux lors du déclenchement de la guerre, en septembre 1914 les deux tiers des victimes appartiennent aux réservistes de l’armée d’active. Ils ont été rappelés sous les drapeaux entre le 3 et le 12 août 1914 et ont quitté les dépôts des régiments dans la seconde moitié d’août 1914.
Le plus jeune de ces soldats tombés au combat a 21 ans, le plus vieux, Felix MAROT, chef d’escadron, en a 56.
Sur le tableau ci dessous, j’ai analysé l’origine géographique des 45 hommes morts en septembre 1914, et j’ai ainsi précisé quel était leur lien avec le canton de Vouillé. Pour que je prenne en compte dans mon dépouillement du canton de Vouillé un soldat mort des suites de la guerre 14-18, il faut au moins qu’un des événements biographiques suivants ait eu lieu dans le canton de Vouillé : naissance, recensement militaire, transcription du décès, prise en compte dans le Livre d’or de la commune, inscription sur le monument aux morts.
Pour 35 des hommes morts en septembre 1914, ils sont nés dans le canton de Vouillé, et leurs parents y résidaient au moment de leur recrutement militaire. Pour 13 autres, nés dans le canton, leurs parents n’y résidaient plus au moment de leur recensement militaire. Ils sont 8 à être nés hors du canton, mais à y avoir été recensé l’année de leur 20 ans, parce que leurs parents y résidaient.
Il reste donc 2 hommes, morts en septembre 1914, qui ne sont pas nés dans le canton ou dont les parents n’y habitaient pas quand ils ont eu 20 ans.
Eugène REVERDY est né à Jazeneuil. Il y réside lors de son recencement militaire. Sa fiche militaire indique son dernier domicile à Vouillé. C’est là que son décès est retranscrit, le 25 juin 1920. Son nom figure sur le livre d’or et le monument aux morts de Vouillé.
Omer BOUCHET est né à la Ferrière en Parthenay, dans les Deux Sèvres. Il y habite lors du recensement militaire. Son décès est retranscrit à La Ferrière, mais son nom figure sur le monument aux morts du Rochereau, le village où il a été inhumé.
Très majoritairement, et sans surprise, – 50 sur 58 – les morts originaires du canton de Vouillé sont soldats de 2ème classe. Ils sont 2 à être soldats de 1ère classe, 4 à être caporaux. On compte un sous lieutenant, militaire de carrière sorti du rang et promu officier à titre temporaire en août, et un colonel, qui a fait toute sa carrière dans l’artillerie.
Au niveau des causes de décès, telles qu’elles ont été portées sur les fiches matricules, 28 soldats ont été tués à l’ennemi, 19 ont disparu au combat, et 11 sont décédés des suites de blessures de guerre. Cette répartition doit être nuancée, car il apparait que des « disparus » sont en fait morts au combat, on retrouve leur corps quelques jours plus tard, et on les inhume. Quant aux morts des suites de blessures de guerre, la date et le lieu de la blessure n’est pas toujours indiqué, et en creusant un peu j’ai constaté que pour certains d’entre eux, ils ont été « mortellement blessés » à leur poste de combat. Quelle différence fait l’armée entre ces trois termes, et y a t’il en fait une différence, ou bien cela dépend il simplement de qui remplit la fiche, et avec quelles indications ? N’oublions pas que tous ces renseignements sont réunis pendant des périodes de combat, on ne peut s’attendre à une exactitude totale et absolue de chaque détail.
Le tableau qui suit reprend l’unité d’appartenance de chaque poilu, la date et le lieu de sa mort. L’organisation indiquée est celle correspondant au jour du décès. L’organisation des différentes armées en septembre 1914 a fréquemment changé pour faire face à l’évolution des opérations militaires, avec notamment la création de la 9ème Armée, confiée à Foch, qui sera le fer de lance de la bataille de la Marne. Toutes les informations sont prises à partir des ouvrages de référence Les Armées Françaises dans la Grande Guerre – Tome X – publiés sur Gallica, qui reprennent au jour le jour l’organisation des armées, des corps d’armée et des divisions, et les grandes opérations auxquelles ces regroupements ont participé. Cette synthèse permet de mieux comprendre les opérations décrites ensuite par les officiers de chaque régiment dans les Journaux de Marche et Opérations.
Ce sont dans les régiments que les conscrits du canton de Vouillé rejoignent le plus fréquemment : 125ème et 325ème RI , 90ème RI et 68ème RI, que l’on trouve la majorité des victimes de septembre 1914. Ces régiments – sauf le 325ème – appartiennent au 9ème corps d’armée, qui a été intégré à la 9ème armée et a donc participé à la Bataille de la Marne.
J’ai indiqué sur la carte ci dessous les lieux de décès de ces 58 hommes. Mis à part un décès après blessures à Bordeaux, tous les hommes sont morts au front, ou dans sa proximité immédiate.
Dans quelques jours, j’essaierai de replacer ces 58 décès dans leur contexte.
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