Jean Bourloton, à qui on a signalé la disparition de son fils Roger, remplit le questionnaire préimprimé qui sera ensuite envoyé à la Croix Rouge. On y découvre que Roger était 1er clairon, qu’il a été porté disparu du 7 au 8 septembre 1914 à la Fère Champenoise, même si l’orthographe du lieu est un peu malmenée.
La famille n’aura malheureusement pas de réponse à cette recherche, son fils qu’il espérait probablement prisonnier est vraisemblablement mort dans les combats de la Marne.
Ce genre de document, rempli par la famille, renvoie la dimension personnelle et tragique de toutes ces disparitions, auxquelles seul un jugement après guerre pourra mettre un point final, sans toutefois apporter la moindre réponse aux questions des familles.
- Jean dit Eugène, l’ainé, appartient à la classe 1896. Il sert du 7 août 1914 au 24 janvier 1919 dans l’infanterie territoriale : 68ème RIT, 70ème RIT, 71ème RIT.
- Léon appartient à la classe 1903. Le 27 juin 1914, il s’est marié à Béruges. Il a été exempté du service militaire en raison d’une légère invalidité. Il passe donc le 13 novembre 1914 devant la commision de réforme de Poitiers et il est cette fois déclaré bon pour le service. Il est envoyé au 68ème régiment d’infanterie qu’il rejoint le 16 décembre 1914. Le 25 septembre 1915, il est fait prisonnier à Blainville. On le retrouve sur les listes de la Croix Rouge dans le camp de prisonniers de Münster.
Il en revient le 24 décembre 1918. Usé par cette longue captivité et par les séquelles d’une pleurésie, on lui accorde en 1921 une incapacité de 25%. En mars 1922, il est proposé pour une pension temporaire avec invalidité à 100% . Il décède le 26 juillet 1922 à la Chapelle Montreuil, probablement trop tard pour que son nom soit porté sur le monument aux morts de sa commune.
- Emilien appartient à la classe 1907. Quelques mois avant son service militaire, il se marie. Au moment où la guerre éclate, il est père de 4 enfants et il est donc affecté à l’armée territoriale. Il sert du 2 août 1914 au 28 janvier 1919 dans l’artillerie : 49ème RA, 47ème RA, 4ème RA. Les enfants d’Emilien, René Eugène, Emilienne et Rachel, ont été adoptés par la nation par jugement du Tribunal de Poitiers du 25 juillet 1919. La fiche matricule n’indique pas de décès de leur père, et il n’y a pas de fiche de Mort pour la France au nom de Emilien BOURLOTON, mais il y a sur le monument aux morts de La Chapelle Montreuil la mention d’un Emilien BOURLOTON. Son nom est repris dans la base des Non Morts pour la France reproduite sur le site genealogie.com.
- Jean Alfred appartient à la classe 1912. Il part au service militaire au 32ème RI le 9 octobre 1913. Suite à un problème médical, il est réformé en octobre 1914. Cette réforme est maintenu en mai 1915. Il n’a donc passé que quelques mois au front.
- Abel, le dernier de la fratrie, appartient à la classe 1916. Il rejoint le 90ème régiment d’infanterie le 6 septembre 1916, passe le 17 juin 1917 au 32ème régiment d’infanterie. Le 24 juillet 1918, une action héroique lui permet d’obtenir en février 1919 une citation à l’ordre de la brigade. Renvoyé dans ses foyers le 7 septembre 1919, il s’engage en 1921 et va faire une belle carrière dans la gendarmerie, puis dans la Force Publique du Maroc.
Sur les six fils de la famille vivants au moment de la mobilisation, trois y ont laissé la vie, même si un seul d’entre eux a obtenu le statut de Mort pour la France.
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