C’est par Béruges que je continue mon analyse des Morts pour la France du canton de Vouillé.
Le fichier de dépouillement compte 40 noms, vous pouvez le trouver ici.
J’ai utilisé pour constituer cette liste deux ressources officielles :
- le livre d’or de la commune de Béruges – 35 noms – , dont les Archives Nationales m’ont communiqué une copie numérique – obtenue tout simplement en faisant la demande sur mon compte de la Salle Virtuelle des Inventaires des Archives Nationales. La mise en ligne de tous les livres d’or est en phase de test, espérons que nous pourrons bientôt y avoir accès directement.
- des photos du monument aux morts de Béruges – 39 noms – , gentiment mises à ma disposition par un habitant du canton, ami de maman. Qu’il soit remercié une nouvelle fois de l’aide apportée.
Comme fréquemment, les deux ressources ne donnent pas une liste totalement identique. En revanche les 40 soldats retrouvés ont tous une fiche de Mort pour la France, que j’ai indexée sur Mémoire des Hommes.
- 34 noms sont communs aux deux ressources.
- Un nom – Louis Gaston Papineau, engagé volontaire puis militaire de carrière, dont le décès est transcrit à Béruges, n’est pas sur le monument aux morts.
- Pour 5 des noms, le lieu de transcription n’est pas Béruges, et tout en apparaissant sur le monument aux morts, ils n’ont pas été repris sur le livre d’or de la commune.
Où sont nés, où ont vécu avant la guerre mes 40 Poilus dont Béruges a décidé d’honorer la mémoire?
- Pour 24 d’entre eux, la dernière résidence indiquée sur la fiche matricule avant l’entrée en guerre, c’est Béruges.
- 8 d’entre eux sont nés à Béruges, qu’ils ont ensuite quitté dans la plupart des cas après leur recensement militaire, pour commencer ailleurs leur vie professionnelle.
- Pour 5 d’entre eux, le lien familial avec Béruges est important : les parents et la famille proche ont habité ou habitent le village. L’un d’eux – Paul Bizard , pilote à l’escadrille 114, élève de St Cyr – est le petit fils de l’ancien maire, et son père et son frère habitent après la guerre au chateau de Béruges.
- Pour les 3 derniers, je suis perplexe
- 2 d’entre eux n’ont comme seul lien visible pour l’instant que le fait que leur décès soit retranscrit à Béruges. Il me faudra donc les copies des actes de décès pour en savoir plus, du moins je l’espère
- le dernier – Victor Derbord – est né à Montreuil Bonnin, de parents habitants Montreuil Bonnin, et son décès a été retranscrit à St Benoit, où il résidait avant la guerre. Il n’est pas sur le livre d’or, mais pourquoi est il sur le monument aux morts ?
En 1911, il y a 932 habitants à Béruges. Les 40 morts étudiés sur ma liste représentent donc environ 4,30 % de la population.
Le mort pour la France de Béruges le plus âgé au moment de son départ est Jérémie Chauvet, né le 7 novembre 1880. Il part quelques mois avant d’avoir 34 ans. Il va mourir dans les premières semaines de la guerre, le 26 octobre 1914, à Ypres.
Ils sont 6 à partir avant même d’avoir 20 ans, 6 qui ne reviendront pas.
Ils sont deux à appartenir à l’armée de métier quand la guerre éclate :
- Paul Bizard, né en 1894, vient de s’engager pour 7 ans à l’Ecole Militaire de St Cyr
- Louis Papineau, né en 1887, s’est engagé en 1905 et a régulièrement renouvelé son engagement depuis.
Ils sont 9 à effectuer leur service militaire quand la mobilisation est déclarée.
La répartition par unités montre une nouvelle fois la grande dispersion des effectifs, avec malgré tout une prépondérance des affectations au 125ème régiment d’infanterie, basé à Poitiers. Ce graphique est fait à partir des unités d’appartenance au moment du décès. Certains soldats ont été affectés à plusieurs unités durant leur temps de campagne militaire.
J’ai calculé la durée en jours de présence sous les drapeaux du jour de l’appel de chacun des 40 soldats jusqu’à son décès, puis j’ai simplement divisé par 30 de façon arbitraire. Pour les trois soldats qui sont indiqués dans la première colonne marquée 0, il faut comprendre qu’ils ont passé moins de 30 jours en campagne, et donc sont morts dans les 30 jours de leur appel, quelque soit la date. Pour toutes les autres colonnes, le chiffre indiqué est le chiffre entier inférieur, par exemple 1 signifie que les soldats concernés sont restés plus d’un mois – ou 30 jours – mais moins de 2 mois. Pour mémoire, la guerre a duré 51 mois.
C’est Louis Papineau qui a la durée de présence la plus longue dans cette guerre. Militaire de carrière, il est décédé le 23 octobre 1918, de maladie nous indique sa fiche matricule. Vu la période, on peut supposer qu’il est mort de la grippe espagnole.
Ils sont 22, presque la moitié d’entre eux, à être morts pour la France avant leur 26ème année. 22 à ne pas avoir eu d’enfants, en moyenne 3 enfants survivants dans cette région paysanne, soit probablement un déficit de population de 75 enfants . Quand on regarde l’évolution de la population de Béruges sur le 20ème siècle, le recul significatif des habitants après la guerre et jusqu’aux années 1980 trouve une de ses causes dans les conséquences démographiques de la guerre. Pas seulement, loin de là, mais c’est un des impacts de la guerre dans les villages de campagne.
On reconnait sur ce graphique les différentes phases de la guerre, avec les longues périodes d' »accalmie » sur le front.
Pour finir cet article, un peu indigeste, je l’avoue, je vous propose une carte géographique des Morts pour la France de la commune de Béruges, réalisée avec Mapsengine, de Googlemaps
Fred Coussay says
Je me permets de rajouter les natifs de la commune Morts pour la France que je retrouve dans mon recensement 🙂
ANATOLE Célestin, né le 11/11/1891
CHARGELEGUE Maurice, né le 26/04/1888
FOURNIER Alexandre, né le 16/09/1888
FRAUDEAU Olivier Marcel, né le 17/12/1891
ALBERT Aimé Albert, né le 23/04/1887
CHEBROU DE LA ROULIERE Victor Marie Lionel, né le 22/08/1877
GERMAIN Alphonse, né le 19/11/1892
JULIEN Jean, né le 13/03/1873
ABONNEAU François Clément Joseph, né le 23/11/1892
BAGOT Joseph, né le 13/11/1877
BANC Honoré, né le 15/05/1879
DECOUX Armand, né le 02/09/1896
FORGET Félix André Olivier, né le 03/06/1883
BARDON Georges Maxime, né le 21/07/1898
BERTRAND Jean, né le 13/02/1898
GERMAIN Toussaint Henri, né le 01/11/1889
Là encore, sous réserve que les fiches de Mémoires des Hommes indiquent la bonne commune 🙂
Frédéric says
Bonjour,
superbe article, superbe analyse. bravo pour votre persévérance.
si tu souhaites rompre avec les chiffres, et se faire plaisir, l’étude d’un officier, ancien élève de Saint-Cyr est souvent (toujours) payante 😉
pour Saint-Cyr, j’ai plusieurs piste pour croiser, vérifier les sources :
il ya le flipbooks de Saint-Cyr : http://www.saint-cyr.org/flipbooks/Memorial/
tu trouveras, un officier du monument de Béruges : André Bizard, avec une superbe photo et une citation à l’ordre de l’armée.
Grace à ton fichier, j’ai vu la référence F114
découvert grace aux blogs génélogies : le livre d’or des Saint-Cyriens mort pour la France : http://www.calameo.com/read/000461091fb464db59ff7
tu trouveras à la promotion de la Croix du Drapeau (vers la fin), Bizard P.J.A, cela ne prouve rien, mais ce livre est magnifique.
avec une légion d’honneur : http://www.culture.gouv.fr/LH/LH190/PG/FRDAFAN83_OL2342071V001.htm
cordialement et encore bravo
Frédéric
Louradour Isabelle says
Génial ! Ton article concrétise parfaitement ce que j’essaie de faire sur mon propre village. Du coup ça motive pour continuer et ça va me permettre de peaufiner le plan d’analyse. Un grand merci !
Isabelle
Brigitte says
De rien Isabelle, merci à toi pour ta lecture et surtout tes encouragements
Au fur et à mesure que j’avance, je me rends compte que j’aurais d^encore plus détailler mon tableau Excel …. pour faire des analyses sur certains points qui peu à peu se dessinent. Mais comme le dit mon mari, c’est juste un blog, pas une thèse de troisième cycle 🙂