C’est à Paris, au 190 rue du faubourg St Antoine, que nait Jules Jean Baptiste. Ses parents, Paul Février et Marie Henriette Aubourg, ne sont pas mariés, mais le père reconnait l’enfant. Paul est parisien, il est né dans l’Est de Paris artisan et populaire, en 1866, d’une mère fleuriste et d’un père graveur sur acier. Marie Henriette, elle, est montée à Paris venant de son Poitou natal, de Chalandray où continuent à vivre ses parents. Elle est couturière, et elle a tout juste 21 ans à la naissance de son fils. Le 28 mai 1893, le couple se marie et légitime par la même occasion leur fils premier né.
Sa mère va ensuite mettre au monde au moins quatre autres enfants, toujours à Paris.
En 1912, au moment du recensement militaire, Jules Jean Baptiste, son père et ses soeurs habitent à Frozes, où Jules et son père sont cultivateurs. Marie Henriette, dite Berthe, est morte.
Début 1913, Jean Baptiste Jules Fevrier passe le conseil de révision. Il est jugé apte pour le service armé, inscrit sous le numéro 39 de la liste du canton de Vouillé, et il arrive le 10 octobre 1913 au 154ème régiment d’infanterie, cantonné à Lérouville, à quelques kilomètres de Commercy, dans la Meuse. Il y porte le numéro matricule 8127.
L’historique du régiment nous dit qu’à l’été 1914, les soldats viennent de la région parisienne, du Nord et de la Meuse, de Normandie. Le régiment appartient, avec le 6ème Corps d’Armée, à la IIIème Armée, sous les ordres du général Ruffey. Avec le 155ème régiment d’infanterie et le 26ème bataillon de chasseurs à pied, il compose la 79ème brigade d’infanterie.
La mission du 6ème Corps d’Armée au début d’août 1914 est d’assurer la couverture de la frontière en Woëvre méridionale dans la région de Pont à Mousson. La frontière avec l’Allemagne passe à environ 40 kilomètres au nord est, juste au dessus de Pont à Mousson. C’est cette frontière que dans un premier temps il s’agit de protéger, pendant que la Ière armée du général Dubail est chargée de reprendre l’Alsace. Voici le récit qui est fait de ces premiers jours de guerre dans l’historique du régiment.
Le 31 juillet au matin, sous le commandement du colonel Jampierre, le 154ème quitte Lérouville, et va s’établir en couverture en Woëvre, à Bernécourt et Grosrouvres. Il s’y complète en réservistes [….]
Au cours du séjour en Woëvre, on organise des positions dans l’éventualité d’une attaque brusquée qui ne se produit pas, du reste. Puis, après un court déplacement vers le nord, sous les Côtes de la Meuse, la 40ème division se retrouve le 21 août sur le front Olley-Gondrecourt, face à l’est.
Le 21 au soir, le régiment doit aller cantonner à Dommary-Baroncourt. On y arrive tard dans la nuit, l’ennemi a déjà passé par là : des traces de projectiles, des chevaux morts, témoignent d’une escarmouche qui s’est livrée dans la journée. Les rues sont pleines d’artillerie, pas de distributions, on repart dans quelques heures : c’est la guerre pour de bon qui commence. Le lendemain, c’est le baptême du feu. […]
LA BATAILLE GENERALE
Fillières – Joppécourt
(22 août 1914)
Le régiment déboite le 22 à 3 heures; il doit se porter sur Fillières à quelques kilomètres du Luxembourg: la mission est d’arrêter tout ennemi débouchant de la direction Fontoy – Thionville. Il va faire chaud, la marche est longue et pénible, on arrivera très fatigué.
A la sortie de Joppécourt, quelques coups de fusil sont tir&és par la 11è compagnie sur une patrouille de uhlans, ce sont les premiers de la campagne ! […] Le mouvement continue. A 8h30, deux, puis trois compagnies ennemies apparaissent sur la gauche dans la direction de la ferme de l’Ecorcherie. Elles sont bousculées vivement, nous entrons dans Fillières.
Mais voici que des forces, importantes cette fois, sont signalées au nord et à l’est. Le colonel se porte en avant à cheval, salué par une grêle de balles; il fait renforcer d’urgence la garniseon de Fillières où nos éléments avancés sont bientôt ramenés par le feu des mitrailleuses.
Le nombre des assaillants croît de minute en minute, le village est violemment canonné par l’artillerie allemande et l’ennemi cherche à l’encercler à la faveur des ravins et des bois. La situation est devenue difficile, le régiment ne pouvant compter que sur ses seules forces, et le dernier bataillon disponible – le 2ème – va être engagé à son tour dans une lutte inégale pour permettre le repli des défenseurs. Son chef, le commandant Beaufils, trouve à sa tête une mort glorieuse en l’entrainant sous la mitraille.
Malgré la vaillance de tous et de nombreux actes d’héroïsme – le 2ème bataillon a perdu tous ses officiers et 50% de son effectif – il faut évacuer la position. On se rabat derrière Joppécourt, où on se regroupe.
Les 154ème va ensuite se battre le même jour à Joppécourt, puis reculer, jusqu’à revenir le 26 août sur la rive gauche de la Meuse.
Vous pouvez visualiser les différents lieux indiqués sur la carte ci dessous, reprenant les lieux indiqués par l’historique du régiment.
C’est le 22 août, lors de son baptême du feu, que Jean Baptiste Février va trouver la mort. Sa fiche matricule indique qu’il est disparu le 22 août 1914 à Fillières, mais on retrouve son nom dans la liste des sépultures de la nécropole militaire de Fillières. Disons qu’il a été tué à l’ennemi dès ce premier jour de combat.
Ce même jour, 22 août 1914, vont également tomber Léon GARNAUD et Hilaire GIRARDIN, comme lui de la classe 1912 de Vouillé, partis comme lui le 10 octobre 1913 de Montreuil Bonnin et de Benassay.
Le 21 juillet 1922, Jean Baptiste reçoit à titre posthume la médaille militaire et la croix de guerre avec étoile de bronze.
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