C’est par hasard que le petit Georges nait à Latillé le 1er août 1893. Ses parents, Onésime Goujon et Mathilde Guignard, habitent à Neuville de Poitou, où le père est marchand d’huile. C’est Mathilde qui est originaire de Latillé, où elle est née le 19 mars 1870, de parents eux aussi nés à Latillé. Bien qu’elle porte le patronyme Guignard, nom de naissance de ma grand mère maternelle, née aussi à Latillé, je n’ai pas pu trouver pour l’instant de lien de cousinage entre la famille du petit Georges et celle de ma grand mère. Georges nait dans la maison de son grand père, Jacques Guignard, journalier. Pour son père, il s’agit d’un remariage, il a déjà une fille d’un premier mariage, qui va vivre à Neuville avec ses grands parents Jean Baptiste Gougeon et Florence Groleau, aussi à Neuville.
Georges est donc élevé comme fils unique dans une famille plutôt aisée selon les critères de ce canton, puisqu’il y a une servante à demeure à la maison.
Georges appartient à la classe 1913, pourtant il s’engage en 1911, le 4 novembre, à la mairie de Chatellerault. Il est affecté au 2ème régiment de zouaves et part immédiatement pour l’Afrique du Nord. Après 4 jours de voyage, il arrive dans son régiment le 9 novembre 1911.
Au début de 1914, du 2 janvier au 1er aout, il participe aux opérations militaires sur les confins algéro-marocains en guerre. C’est probablement là qu’il a sa première expérience du feu, même si cela ne peut pas le préparer à ce qui va suivre.
Début août 1914, les quatre bataillons de zouaves qui se trouvent au Maroc – 1er bataillon du 1er régiment de zouaves, 2ème et 4ème bataillons du 3ème régiment de zouaves, 3ème bataillon du 2ème régiment de zouaves, celui de Georges, sont regroupés au sein d’un nouveau régiment, le 8ème régiment de marche de zouaves, intégré à la Division du Maroc au début de la guerre.
Les quatres bataillons quittent l’Afrique du Nord début août à destination du port de Bordeaux. Les zouaves, dans leur tenue exotique, traversent les campagnes, passent par le Poitou, pas loin de chez Georges, en direction de la zone des armées, qu’ils atteignent le 23 août. Leur première destination est la Thiérache près de Mézières. Le régiment arrive en pleine débâcle des Ardennes. Les armées françaises sont repoussées vers le Sud lors de la bataille de Charleroi. Le régiment reçoit l’ordre de couvrir la retraite de l’armée. Le 28 août, on les retrouve à Dommery, où ils repoussent les régiments allemands qui ne s’attendaient pas à cette résistance.

Gallica – Historique du 8ème RZM
Par marches successives, ponctuées de combats destinés à protéger la retraite de l’armée, le 8ème RMZ arrive à Vertus le 4 septembre. En 6 jours, ils ont parcouru près de 150 kilomètres, combattant et marchant tant de jour que de nuit, avec peu de ravitaillement.
C’est là qu’arrive l’ordre de Joffre, qui va lancer la bataille de la Marne. Les instructions sont claires : « se faire tuer sur place plutôt que reculer ». Le 8ème RMZ va se battre dans les marais de Sainr Gond, et reprendre le chateau de Mondement, qui en cette année de Centenaire a été choisi comme un des lieux de mémoire de la bataille de la Marne.
Pour sa participation aux combats, le 8ème RMZ reçoit une citation à l’ordre de la 9ème armée.

Mémoire des Hommes – JMO du 8ème RMZ
Le 11 septembre, l’armée française, et donc le 8ème RMZ, reprend l’offensive et se lance à la poursuite de l’armée allemande, qui se retire.
Mais dès le 14 septembre, l’avancée française se heurte aux premières tranchées installées par les allemands, à l’est de Reims, vers Sillery-le-Petit. Jusqu’au 11 novembre, le régiment va tenter de déloger les allemands, sans succès, au prix de nouvelles lourdes pertes.
Le 11 novembre, on quitte le secteur, embarquement à Mourmelon le Grand pour gagner en train Calais, loin dans le Nord. Le régiment doit participer à la relève des troupes de la 11ème division, qui se bat au nord d’Ypres. Le 15 novembre 1914, à peine débarqué, le 3ème bataillon, celui dans lequel Georges combat, reçoit l’ordre de participer à la reprise du Bois Triangulaire, sur lequel le 26ème régiment d’infanterie s’épuise depuis des jours.
Mémoire des Hommes – JMO du 8ème RMZ – journée du 16/11/1914
C’est au cours de ces violents combats que Georges Goujon, 21 ans, va tomber. Son nom n’est pas repris dans la liste des pertes du jour, bizarrement, mais sa citation en 1920 ne laisse pas de place au doute.
Il y a plusieurs croquis très interessants dans le Journal de Marches et Opérations du 8ème RMZ, dont celui des positions du Bois Triangulaire.
Sa dépouille est inhumé à Ypres et son nom est repris sur le mémorial virtuel In Flanders Fields.
Pour les actions qui ont conduit à son décès, il reçoit à titre posthume la Médaille Militaire et la Croix de guerre avec étoile d’argent, ce qui signifie qu’il a reçu une citation à l’ordre de la division. Ces décorations sont publiées dans le Journal Officiel du 13 août 1920.
Gallica – JORF – A52 N220 – page 11851
- Parcours militaire : AD86 – Chatellerault 1913 – 1177-1479 – matricule 1425 – vue 326/408
- Parcours militaire : Fiche Mémoire des Hommes
- Parcours militaire : Fiche Memorial Genweb
- Parcours militaire : Les régiments de zouaves 1914-1918
- Inhumation : In Flanders Fields
- Parcours militaire : JMO du 8ème régiment de zouaves
- Parcours militaire : Gallica – Historique du 8ème régiment de zouaves
- Décoration : JORF du 13/08/1920
Fred says
Super Article comme toujours !
J’ai fait un lien direct sur ta page pour l’article de ce soldat.