
Photo du Mémorial du cimetière de Vouillé, communiquée par la mairie de Vouillé
Le 5 mars 1893, Auguste Delaitre, cultivateur de 31 ans, se présente à la mairie de Vouillé. Avec lui les deux bébés, nés le jour même dans sa maison du village des Essarts, de son épouse Marie Magdeleine Bagot, qu’il a épousé en octobre 1898, ici même à Vouillé. Auguste et Marie Madeleine ont déjà eu une fille, Léa, et aujourd’hui, ce n’est pas un mais deux fils qu’Auguste vient déclarer. André tout d’abord, puis Joseph (1).
Quelques mois plus tard, le 5 Aout 1893, le petit André meurt et Joseph reste le seul survivant des jumeaux.
La famille s’agrandit au rythme régulier des naissances : Angeline en mai 1895, Camille en juillet 1896, Gabrielle en juillet 1898, Adrien en février 1900, Armance en mars 1901, Ernest en décembre 1902, Auguste en mais 1904, Léon en juin 1905, Raymon en juillet 1907, Olive en février 1909, Herminie en mars 1910, René en juillet 1911 ….. Quatre des garçons, André, Auguste, Léon et René décèdent en bas âge, avant même leur 6 mois.
Malgré tout, il y a une belle famille réunie le 7 juillet 1914 quand Lea, l’ainée, épouse Norbert Jullien.
Joseph, le fils ainé, n’est pas là.
Joseph a été recensé en Août 1913, a passé le conseil de révision en septembre, et le 27 novembre 1913 il a été incorporé sous le matricule 378 dans la 6ème Compagnie du 25ème Bataillon de Chasseurs à Pied, à Joué-les-Tours. Depuis le 1er octobre 1913, les Groupes Cyclistes ont été officiellement créés à l’intérieur de certains Bataillons de chasseurs à Pied, ainsi la 6ème compagnie du 25ème BCP, stationné à St Mihiel, devient le 9ème Groupe Cycliste, affecté à la 9ème division de cavalerie, rattachée administrativement au 66ème régiment d’infanterie à Joué les Tours (2). Il est placé sous le commandement du capitaine Laurent, avec les 417 autres officiers, sous officiers et chasseurs qui composent le groupe. (3)
La vocation de ces groupes cyclistes, dont les hommes sont équipés d’un fusil Lebel, et d’une bicyclette pliante Gérard, du nom de l’officier qui l’a inventée, est d’intervenir dans les combats de première ligne en soutien à la cavalerie amie. Ce sont des unités d’intervention rapide, on y choisit des soldats légers et de petite taille, habiles au tir.
Joseph, notre cultivateur qui va probablement régulièrement à la chasse dans les bois autour des Essarts, mesure 1,61m, taille plutôt fréquente dans le canton à l’époque.
Dans les pas du 66ème régiment d’infanterie, le 9ème Groupe cycliste quitte Tours le 5 Août en direction de Longwy.
Joseph est blessé à Vézin le 10 août et transporté à l’hopital de Marville – Meuse – , où il meurt des suites de ses blessures le lendemain 11 août. La bataille de Marville, le 10 aout 1914, est racontée en détail dans le JMO du 24ème Dragons, qui a participé à l’assaut en y laissant de lourdes pertes (4).
Il n’a pas encore 22 ans. Il est le premier soldat du canton de Vouillé à tomber. Son nom apparait à la fois sur le Monument aux Morts de Vouillé et sur le livre d’or de la commune.
Le décès de Joseph Delaitre, pourtant mort à l’hôpital et donc clairement identifié, n’a été retranscrit à Vouillé que le 26 mars 1917, soit plus de 18 mois après son décès.
Son père Auguste, né en 1862, est dégagé des obligations militaires.
Son frère Camille, né le 6 juillet 1896, est incorporé le 10 avril 1915, pour être réformé en décembre de la même année. Il est rappelé en service le 3 avril 1916, et il est versé au 70ème régiment d’infanterie territorial, où il reste jusqu’au 16 avril 1916. Il est libéré le 26 juin 1919. Après son retour il se marie et est dégagé de ses obligations militaires le 25 juillet 1930, comme père de 7 enfants vivants.
Adrien, Ernest et Raymond éviteront la Première Guerre Mondiale, mais seront rattrapés par la seconde.
Enfin, Norbert Jullien, que Léa la fille ainée a épousé en juillet 1914, sera tué à l’ennemi le 24 mars 1918.
Laisser un commentaire